Epidémie de solidarité
Ici, comme un peu partout dans le monde, nous sommes confinés: on travaille à la maison, on fait l'école à la maison, on cuisine, on bricole un peu plus qu'à l'ordinaire (on essaie d'en profiter pour faire tout ce qu'on avait laissé de côté), on profite du jardin, mais surtout on ne peut pas rester à ne rien faire face à l'épidémie du Covid-19. Et les appels de détresse sont nombreux face au manque de matériel de protection, surtout pour les soignants qui ne sont pas en contact direct avec des malades mais qui sont potentiellement exposés quand même. Coudre des masques semblaient évident. Je dois dire que j'ai eu des hauts et des bas dans cet élan car il y avait d'un côté ces appels urgents (et mes copines infirmières étaient demandeuses aussi) et de l'autre des polémiques sur l'utilité ou non de ces masques (clarifications ICI), sur les modèles (ICI et ICI), sur les tissus à utiliser (clarifications ICI), mais finalement c'est l'idée qu'il vaut mieux un masque en tissu plutôt que rien qui l'a emporté (en sachant bien que ces masques ne sont pas des dispositifs médicaux et qu'ils ne doivent pas être utilisés face à des malades avérés). Du coup, j'ai à nouveau sollicité les participantes de mes ateliers de couture, organisés avec l'asbl Vie Féminine (on venait justement de faire un autre don collectif, je n'aurais pas cru qu'on remettrait ça si rapidement) et c'est déjà plus d'une centaine de masques qui ont pu être distribués (mille mercis à toutes pour votre solidarité et à Mimi pour la logistique très précieuse, un petit trafic s'est organisé de boîtes aux lettres en boîte aux lettres!). J'ai utilisé le tuto de Craftpassion (repéré dès le début de l'épidémie au cas où) et cousu 3 épaisseurs (2 en polyester pour l'extérieur et 1 en coton côté visage). Si comme moi vous avez un tas de tissus sans nécessairement connaître leur composition, ce petit truc vous aidera à les différencier facilement : il faut brûler un petit morceau de tissu (avec toute la prudence nécessaire, hein). S'il y a des cendres, c'est que votre tissu contient des fibres naturelles, s'il fond comme du plastique, c'est qu'il est en synthétique (et la majorité est en polyester - infos ICI). J'ai lavé mes tissus polyester à 60° et ils ont bien résisté, donc j'ai lancé la couture en série. Pour la petite histoire, la couche en coton a été faite dans des manches de chemise dont le corps avait été utilisé ICI, comme quoi j'ai bien fait de les garder!
Cette crise a montré les dangers et les limites de la mondialisation mais a surtout mis en évidence la disponibilité et la rapidité d'action et de réaction au niveau local, tant du côté des petites entreprises que des citoyens, des idées créatives et des actions de solidarité naissent partout. Heureusement que bon nombre d'entre nous ont réappris des savoirs-faire que l'on a essayé de nous faire oublier pour mieux nous faire consommer: cuisiner, jardiner, coudre, faire ses produits soi-même, ... Ici, on ne tombera jamais à court de cotons démaquillants, d'essuie-tout, des protections hygiéniques, de mouchoirs (à usage unique en ce moment et lavés quotidiennement à 60°), ... Par contre, le savon pour les mains, fortement sollicité en ce moment, commence à manquer. Qu'à cela ne tienne, voici comment remplir votre flacon à pompe sans frais et sans sortir de chez vous! Il vous faut 15 à 20g de savon en bloc (un petit savon d'hôtel par exemple ou des petits bouts) que vous râpez pour obtenir de la poudre. Faites bouillir 500ml d'eau, enlevez du feu et saupoudrez la poudre de savon en pluie fine tout en mélangeant. Laissez refroidir un peu, ajoutez 3 cuillères à soupe d'huile (olives, amandes douces, ... j'ai utilisé un fond d'huile d'argan cosmétique qui me restait), mélangez. Remplissez votre flacon et laissez-le reposer (ne secouez pas pour que le mélange reste bien homogène). Après quelques heures, il va "prendre" et se tranformer en gel. Magique! Bon confinement chez vous (le défi de coudre uniquement avec son stock est plus que jamais d'actualité!). Une grande pensée pour toutes les personnes qui luttent contre le virus, autant les malades que les soignants.
Couche extérieure en polyester
Double couche intérieure:
une en polaire (polyester) - les essuies en microfibre conviennent aussi -
et une en coton recyclé (manches de chemise)
Assemblage des 3 couches
Réalisation des surpiqûres et des coulisses
Vu de l'intérieur