Bal masqué
L'heure du déconfinement a sonné. C'est avec beaucoup de colère, mais néanmoins résignée, que j'ai repris la couture des masques (début de l'histoire), le modèle officiel cette fois, proposé par le SPF Santé publique (tuto ICI et ICI). Résignée, parce que je sais que chaque masque supplémentaire protègera une personne en plus. En colère, parce que nos autorités se sont révélées incapables de fournir au moins un masque à chaque citoyen comme elles l'avaient promis, mais surtout parce qu'elles se sont lancées dans l'exploitation du bénévolat. L'entraide et la solidarité c'est bien (je suis la première à faire du bénévolat) mais utilisées à grande échelle par les pouvoirs publics pour pallier à leurs propres défaillances, cela devient indécent, méprisant, honteux. Demanderait-on au pharmacien de nous offrir le gel hydroalcoolique? Demanderait-on aux médecins de nous soigner gratuitement? Pourquoi trouve-t-on normal que les couturières travaillent bénévolement? Leur temps, leurs compétences, leurs fournitures ne valent-elles rien? Elles ont répondu présentes dès le début de la crise sanitaire, en masse. Leur travail est bien réel et épuisant, et ce sont bien elles qui finiront par équiper tous les citoyens (après les soignants), même si l'industrie essaie de reprendre ses droits maintenant que les commerces vont réouvrir (ils se sont bien tournés les pouces, sur notre compte, quand il n'y avait pas de profit à faire). Au moins, le point positif, c'est que c'est une solution durable et zéro déchet qui s'est imposée, bien malgré elle!
Pour en revenir aux masques (la couture est quand même mon sujet de prédilection, je n'ai pas l'habitude de pousser de coup de gueule, mais c'en était trop)... j'ai continué à travailler avec ce que j'avais en stock: du polyester uni pour l'extérieur et du coton imprimé pour l'intérieur. N'ayant plus d'élastique, j'ai cousu des cordons (d'ailleurs recommandés car les élastiques résistent mal aux lavages à haute température) en découpant des bandelettes dans des manches de chemises d'homme que j'avais gardées. Je n'ai pas laissé tout le bas du masque ouvert (de peur que ça bâille) mais une ouverture d'une dizaine de centimètres, avec un rabat intérieur quand même pour y glisser un filtre tel qu'un mouchoir en papier. Le petit plus, c'est la coulisse sur le dessus. On y accède par l'intérieur du masque et on peut y glisser une languette métalique pour "pincer" le masque au niveau du nez (ça tient mieux et ça diminue la buée sur les lunettes). Mais où trouver ces languettes métaliques, me direz-vous? Avec les enfants et les parents qui travaillent à la maison il y a sûrement une farde chemise qui traine et dedans, il y a une languette métalique parfaite! Bonne reprise progressive à tous et n'entrez pas dans la danse sans votre masque!